Bonjour à tous, 

En ce moment, beaucoup d’attention est nécessaire pour ne pas perdre de vue que la magie de Noël, au delà des vitrines illuminées et des innombrables possibilités d’accumuler des biens matériels, réside dans l’occasion d’ être avec nos proches.

C’est parfois difficile de transmettre ce message à nos enfants… alors pour se donner du courage, un extrait d’une interview de Matthieu Ricard , qui fait du bien, publiée à l’origine sur le site du Huffington Post.

« Qu’est-ce qui nous empêche d’être altruiste?

Il y a plusieurs choses. D’abord l’idée que nous sommes tous égoïstes, que ce n’est pas la peine d’essayer. Or, si vous analysez les actes des individus tout au long de la journée on remarque qu’en moyenne 70% de ceux-ci sont des actes qu’on pourrait qualifier d’entraide comme tenir la porte ouverte à quelqu’un, des petits gestes. La banalité du bien est beaucoup plus présente dans notre existence qu’on le croit, donc déjà c’est encourageant. Deuxièmement, il faut se dire voilà, je sais qu’il faut faire un minimum d’efforts pour apprendre à lire, à écrire, à jouer aux échecs, donc comment se pourrait-il que d’autres aspects de nos existences comme l’attention ou l’altruisme seraient déjà à leur optimum dès le départ? Ça n’a pas de sens. Toutes nos capacités ont été entraînées jusqu’à un certain point. Donc cultiver l’altruisme, c’est l’idée qu’être exposé régulièrement à une idée ou à une manière de penser va changer votre cerveau.

Et pour cultiver l’altruisme, vous dites qu’il y a une technique de plus en plus populaire, c’est la méditation…

La méditation c’est un terme un peu mystique, exotique, mais la signification du mot méditation c’est cultiver, se familiariser avec une nouvelle manière d’être et cultiver ces qualités. Donc prenons l’altruisme. Il est évident que dans notre vie on connaît des moments d’amour inconditionnel vis à vis d’un enfant, vis-à-vis de quelqu’un, d’un animal que sais-je, et on n’a pas besoin de faire d’effort pour être altruistes à leur égard, souhaiter qu’ils soient en bonne santé, s’épanouissent dans l’existence. Le problème, c’est que ça ne dure pas. Cultiver, cela veut donc dire essayer de passer un peu plus de temps, par exemple dix minutes par jour, à emplir notre paysage mental d’amour altruiste, et si on est distrait d’y revenir, s’il s’évanouit de le raviver, c’est ça la méditation.

En quoi méditer peut-il nous faire changer?

L’expérience montre que sur le plan personnel on voit une différence. C’est prouvé scientifiquement, validé par nos connaissances sur la neuroplasticité. Le cerveau change lorsqu’il est soumis à un entraînement quelconque, qu’il s’agisse de jongler ou de méditer. C’est le cas chez des méditants qui totalisent 50.000 heures de méditation, mais aussi chez des personnes qui en ont fait 20 minutes par jour pendant un mois. Après quatre semaines de méditation quotidienne, on a observé des modifications fonctionnelles du cerveau, des modifications dans le comportement – plus de coopération, de comportements prosociaux, d’entraide – et même structurelles. On a par exemple remarqué que des zones du cerveau qui ont à voir avec l’empathie, avec l’amour maternel, avec des émotions positives étaient déjà légèrement plus volumineuse, donc il y a quelque chose qui s’est vraiment passé.

Est-ce que ça veut dire qu’il faudrait enseigner la méditation à l’école, au collège, au lycée ou à l’université?

Il faudrait enseigner la méditation, sous un autre nom, dès la maternelle et de manière totalement laïque et enlever totalement le label bouddhiste. La méditation, c’est vraiment une technique. Depuis 30 ans, le médecin John Kabat Zinn enseigne la réduction du stress grâce à la méditation de pleine conscience dans 300 hôpitaux aux États-Unis. C’est venu du bouddhisme, c’est maintenant totalement laïc. Autre exemple, celui de Richard Davidson à l’Université du Wisconsin et de son programme d’entraînement à la compassion et aux comportements pro-sociaux chez des enfants âgés de 4 et 5 ans. En dix semaines, grâce à trois séances de 30 minutes de méditation par semaine, on a réussi à stimuler les comportements pro-sociaux et altruistes chez les enfants. Les résultats sont incroyables. »

 

« Si vous voulez quelque chose que vous n’avez jamais eu, vous avez à faire quelque chose que vous n’avez jamais fait. « 

Deux programmes s’achèveront cette semaine. Selon l’âge des enfants, la dernière séance s’intitule « être gentil, c’est agréable » ou « le secret du bonheur ».

Au cours du programme, aucune leçon de morale, juste une possibilité donnée de se connecter à ce qui réchauffe notre coeur, nous rend joyeux et nous fait aimer la vie…Une piste pour mieux vivre ensemble.

Méditer pour mieux vivre ensemble
X