Ce soir c’est Halloween et bientôt, la fin des vacances de la Toussaint.

Qu’avons-nous fait du temps de cerveau disponible de nos enfants  ? (et du nôtre !)

Les possibilités et les sollicitations pour des vacances « bien remplies«  sont nombreuses, les écrans constituent une partie non négligeable de l’offre. Ils savent capter l’attention de nos enfants sans qu’ils n’aient d’efforts à fournir ni de questions à se poser. L’enfant ne risque pas de se blesser ni d’abîmer son environnement. L’adulte peut vaquer à ses occupations.

Or « l’exposition prolongée aux écrans détraque complètement le système attentionnel des enfants. Plusieurs heures quotidiennes passées devant les écrans leur font perdre par ailleurs un temps précieux où ils pourraient être actifs et engagés dans des interactions avec l’adulte, et développer ainsi leur système attentionnel – dit exécutif-, en réalisant des expériences actives qui les motivent. Ainsi, plus un enfant est exposé à ces perturbateurs attentionnels, plus il rencontre de difficultés à se concentrer ensuite dans la vie réelle (1).  » 

C’est un des aspects mis en lumière par Céline Alvarez dans un essai intitulé « Les lois naturelles de l’enfant« sorti en septembre 2016. Céline Alvarez a mené une expérience dans une maternelle en zone d’éducation prioritaire et « plan violence », à Gennevilliers. Elle a respecté « les lois naturelles de l’enfant » et les résultats ont été exceptionnels. Après de nombreuses heures passées à aider un enfant en grande difficulté, pour l’aider à augmenter ses capacités d’attention sans réelle avancée, et sachant que cet enfant était exposé à la télévision de nombreuses heures par jour, elle a signifié à ses parents être « convaincue qu’il doit être complètement soustrait à cette exposition.« 

Les parents bienveillants ont accepté de tenter l’expérience 3 mois, et le résultat fut bien au delà des espérances de l’équipe éducative. « Nous étions loin de nous imaginer qu’après seulement 3 semaines de sevrage, ce petit garçon se serait progressivement apaisé et aurait développé des capacités d’attention qui lui permirent d’entrer dans la lecture, comme les camarades de son âge. »(1)

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Mettre ses enfants devant la télé = se tirer une balle dans le pied ?

Hypersollicités, débordés par le flux d’informations auxquels les écrans et la société de consommation  les soumettent, nos enfants perdent le lien avec le réel, et leurs propres élans créatifs.

Leur imaginaire, régi par les désirs imposés par les publicitaires, s’atrophie. Le tapis rouge se déroule pour accueillir « le prêt à consommer ».

Les enfants « réclament » deviennent « exigeants » ils « ont tout » et ne sont pourtant « jamais contents », incapables de s’occuper seuls et simplement, déplore-t-on.

Leur avons-nous appris ? N’est ce pas la conséquence naturelle de les avoir soumis précocement (souvent bien avant qu’ils n’aient la capacité d’en formuler le souhait précis) aux aventures des lapins crétins (2) et de les avoir conduit « pour leur faire plaisir » dans des centres de loisirs marchands ?

A ce sujet, le slogan de la dernière campagne de publicité d’un espace de loisirs « Que fais-tu pour t’éclater? » me laisse pour le moins perplexe. Le sens premier du mot « éclater » est tout de même « casser, voler en éclat », on trouve aussi « se diviser en plusieurs parties ». Ai-je vraiment envie de ça pour la chair de ma chair ? Pas sûr…

Pendant ce temps- là, les troubles de l’attention sont en constante augmentation et l’enfant, après avoir passé du temps à s’éclater a des difficultés à se concentrer, ce qui représente un handicap considérable  pour toute forme d’apprentissage.

Privé de la satisfaction de se sentir progresser dans son être_apprendre est un besoin vital_l’enfant perd la motivation qui lui avait jusqu’alors permis de se relever des 1000 échecs qui ont précédé sa démarche aujourd’hui assurée, et ne développe pas son esprit critique.

Méditer = se libérer ?

Méditer est éminemment subversif.

« la pleine conscience peut aider nos enfants à acquérir plus d’humanité. A ne pas devenir seulement des travailleurs et des consommateurs, mais à cultiver très tôt leurs capacités de présence au monde, et de conscience de sa beauté et de sa fragilité.« (3)

Méditer demande du courage, pour aller au delà de l’inconfort comme lorsque l’on coupe la radio ou la télé, qu’on éteint son ordinateur pour se retrouver face à soi-même… Aaaaaah!!!

Faire une pause nous permet de discerner ce qui nous fait du bien et ce qui ne nous en fait pas, de nous désencombrer, de recenser nos pensées avec curiosité…et de pouvoir nous en distancier, les pensées ne sont pas des faits !

Et vous, c’est quoi votre première pensée quand vous vous réveillez ?

Méditer = défragmenter le disque dur, faire les mises à jour

Nous le faisons volontiers pour notre ordinateur, plus rarement pour nous-mêmes et pourtant, méditer :

  • Favorise l’apprentissage, en offrant à notre cerveau des temps d’intégration, de décantation, qui permettent aux connaissances de se réorganiser.

Méditer permet :

  • d’être plus conscient de nos actes
  • de discerner l’essentiel du superficiel, l’urgent de l’important
  • de prendre conscience de nos valeurs, et nous aide à mobiliser l’énergie de les incarner
  • de définir le cap, prendre des décisions

Méditer pour s’élever et élever nos enfants

La méditation peut nous être d’une grande aide en tant que parent et éducateur. « Guider efficacement et correctement nos enfants implique que nous puissions nous recentrer, et « redevenir pleinement présents à nous-mêmes »« (1).

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Au plaisir de vous rencontrer, lors d’une conférence ou d’un atelier.

Maryline.

Pour en savoir plus, suivez ce lien

(1) ALVAREZ, Céline, Les lois naturelles de l’enfant, Les arènes, 2016, 454 pages.  (Je tenais à lire l’ouvrage dans son intégralité_et m’assurer qu’elle avait bien introduit la pratique de la méditation dans sa classe !_avant de vous en parler. C’est chose faite, je vous le recommande vivement !)

(2) Si cette prise de position vous paraît excessive, (rhôôô faut pas exagérer quand même…) sachez que des centaines d’études scientifiques existent et mettent en garde contre les effets délétères de la télévision. A lire notamment DESMURGET M. TV lobotomie, Max Milo, 2012, 320 pages.

Pour vous aider dans le choix des films que vous proposez à vos enfants, le site de « Film pour enfants.net »On y apprend par exemple que la Reine des Neiges c’est « Sans dégâts dès : 7 ans – Âge conseillé : 8 ans », le savoir vous aurait peut-être délivrés, libérés vous et votre enfant de quelques soirées difficiles ou réveils nocturnes 🙂

(3) SNEL, Eline, Calme et attentif comme une grenouille, Préface de Christophe André, Les arènes, 2012, 133 pages.

Méditer sur son temps de cerveau disponible
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