Bonjour à chacune et chacun,

Je suis heureuse de publier cet article sur le thème de la bienveillance éducative. Nous évoluons dans un bain culturel où l’on est plus soucieux du bien-être de l’enfant qu’il y a 50 ans et c’est vraiment tant mieux !

Non, résolument non, l’enfant ne naît pas tordu et l’éducation n’a pas pour objectif de le dresser ou de le redresser.

Jusqu’ici vous serez pour la plupart, d’accord avec moi car nous sommes en 2017.

Vous serez peut-être heurté (e) si je vous dis que je ne pense pas pour autant que l’enfant naît fondamentalement bon et qu’il suffit de l’accompagner avec douceur.

En tout cas, on peut se le dire et en rêver mais dans la vraie vie des vrais gens, nous observons les limites des éducations permissives (que l’on qualifie parfois, à tort, de bienveillantes). J’observe dans mon quotidien de maman et de professionnelle à quel point les enfants ont besoin et apprécient d’être au contact d’adultes stables et ancrés qui les laissent être eux-mêmes tout en indiquant une direction claire, avec douceur ET fermeté.

Le terme bienveillance employé beaucoup, partout, pour tout et son contraire, est perçu aujourd’hui par certains comme particulièrement agaçant.

Ce mot peut apparaître comme une négation de la réalité, donner le sentiment de correspondre à une forme de mièvrerie qui consisterait à trouver tout bien et à renoncer à toute forme d’exigence et d’évaluation. Il peut aussi donner l’impression aux éducateurs à qui l’on en fait l’injonction qu’il faudrait se nier soi-même en se mettant au service de tous les désirs de l’enfant…ce qui serait en soi plutôt malveillant pour soi ET pour l’enfant.

La bienveillance est relative de par sa définition même. Etre bienveillant, c’est souhaiter du bien et le « bien » peut prendre de multiples formes et varier selon notre culture, nos conditionnements, et notre propre conception du bonheur. L’enfant frustré de ne pas obtenir le troisième bonbon souhaité, ou en colère parce qu’on l’oblige à se brosser les dents, éteindre l’écran ou aller se coucher ne respire pas le bien-être et pourtant il tirera bénéfice du discernement de la personne qui a le courage de s’opposer à ses désirs.

Parce que c’est courageux de dire non, de risquer le désamour passager, le fameux « Eh bien, je ne t’aime plus, tu es méchant(e) » et de répondre avec conviction « Et bien moi je t’aime et je te préfère frustré un moment plutôt qu’en mauvaise santé. »

Certaines lectures sont pour moi de grandes sources d’inspiration et m’aident au quotidien à garder le cap quand survient inévitablement la tempête ( je crois bien que c’est chez tout le monde pareil, enfin en tout cas chez moi cela arrive ! ). Je suis heureuse de partager avec vous quelques éléments issus d’un livre difficile à résumer tant chacune des pages est riche de sens, d’enseignements et d’exemples concrets. Ce livre s’intitule « Elever son enfant en pleine conscience »

Ecrit par Shauna Shapiro, docteur en pyschologie et Chris White, pédiatre, il propose des pistes pour élever son enfant en pleine conscience.

Entre l’éducation autoritaire ( centrée sur les parents et sur comment arriver à contrôler les enfants) et l’éducation permissive ( centrée sur les enfants qui donnent aux parents l’impression que les enfants doivent toujours être apaisés ou choyés pour éviter un « traumatisme ») les auteurs présentent une troisième voie, centrée sur la relation combinant l’amour inconditionnel à la mise en place de limites saines.

Il nous propose ainsi de mettre en place dans nos foyers la discipline en pleine conscience.

Le mot discipline déclenche souvent de fortes réactions émotionnelles, en particulier parce qu’il est fréquemment utilisé comme synonymes de « punition ». Pourtant la signification initiale de discipline est « enseigner/apprendre ».

Ce qui peut sembler paradoxal au départ est la prise de conscience que l’autodiscipline et la liberté vont de pair. En effet, un vieil adage l’exprime en ces termes :

« Recherche la liberté et tu seras l’esclave de tes désirs. Recherche la discipline et tu trouveras la liberté. »

Aider nos enfants à s’autodiscipliner c’est leur permettre de développer leur « capacité à réguler leur propre comportement et à agir en accord avec leurs valeurs et leurs aspirations ».

Les 5 éléments de la discipline en pleine conscience développés par les auteurs sont l’amour inconditionnel, l’espace, le mentorat, les limites saines, et les erreurs.

  • L’amour inconditionnel : préserver la confiance et les valeurs intrinsèques

Aimer de manière inconditionnel signifie que nous aimons nos enfants quel que soit leur comportement ou niveau de performance. Il ne s’agit pas pour autant de « trouver tout bien ». Bien qu’il soit difficile de tenir les deux vérités en même temps, il est possible de dire à son enfant ( et/ou à son conjoint !!!) « je t’aime et je suis en colère . Ce que tu as fait était blessant et je ne méritais pas d’être traité de cette façon. Mais nous allons traverser cela ensemble. »

Il est utile d’avoir des attentes réalistes et de ne pas nous mettre trop la pression, l’amour inconditionnel est davantage une intention qu’une destination. On va dans le sens de… le plus souvent possible. Si une vilaine pensée nous traverse ( « c’est bien fait pour lui/elle » quand notre enfant tombe et qu’on lui avait pourtant bien dit de ne pas y aller) on se souvient que les pensées ne sont que des pensées et on console son enfant qui a sans doute bien compris la leçon sans que nous n’ayons besoin d’en rajouter. Il retiendra que nous sommes de bon conseil, et que même s’il a transgressé la règle, il reste important à nos yeux et peut trouver du réconfort auprès de nous en cas de détresse, quoi qu’il arrive.

  • L’espace : favoriser l’autonomie, la compétence et la responsabilité

Comme tous les êtres vivants, les enfants ont besoin d’espace pour grandir. L’espace vient conforter certains aspects du développement de l’enfant : l’autonomie, l’acquisition de compétences et la responsabilité de ses actes. Lorsque nous permettons à nos enfants de procéder à des expérimentations, de résoudre des problèmes et d’apprendre des événements vécus, ils conservent leur curiosité, se montrent plus autonomes et développent leurs capacités au fil du temps.

Il est important que nos enfants conservent leur motivation intrinsèque et le sentiment de contrôler leur vie, non seulement pour leur propre évolution, mais également pour une meilleure harmonie au sein de leur foyer. Quand les enfants se sentent autonomes et à la barre de leur existence, ils font moins de bêtises et éprouvent un plus grand désir de coopérer et de s’inscrire dans un collectif.

En pratique, pour offrir cet espace, il est important de mettre en place dans le même temps une protection saine :

  • par l’aménagement de la maison pour qu’il puisse explorer sans entendre un millier de « non » par jour,
  • par un emploi du temps qui inclue des temps paisibles propices à la lecture, au repos et aux projets créatifs
  • en limitant l’exposition à des sources médiatiques intenses afin que son esprit ne soit pas préoccupé par des pensées et images effrayantes.

  • Le mentorat : Promouvoir des habitudes saines, des valeurs solides et l’intelligence émotionnelle.

L’une des dimensions les plus importantes de l’éducation des enfants est ce rôle de guide et de mentor que nous endossons auprès de nos enfants. Ceci implique que nous poursuivions notre propre développement. La condition de parent implique de dépasser notre égoïsme pour afficher une version de nous même élargie. Notre mission est donc notamment de créer les structures, routines et rituels favorisant une bonne santé, le bonheur et le développement de la personnalité.

Le mentorat a également pour but de favoriser le développement de l’intelligence émotionnelle qui comprend trois composantes : la reconnaissance, la régulation, l’expression appropriée. Notre mission est également d’aider nos enfants à avoir une vision de la vie plus réaliste, en leur apprenant la relation de cause à effet, et à modérer leurs sentiments déplacés d’infériorité et de supériorité. Il est fondamental de les aider à se percevoir correctement : ce dont ils sont capables ou non et ce qu’il leur faut encore apprendre et pratiquer pour réussir leur vie.

  • Les limites saines : Encourager le contrôle des pulsions et la faculté d’adaptation

La fixation de limites peut s’avérer l’une des tâches les plus difficiles de l’éducation des enfants. Les limites ne se contentent pas d’apporter une restriction, elles nous aident également à grandir et nous apportent une plus grande liberté. Quand l’enfant apprend à maîtriser ses pulsions pour le bien des êtres qu’il aime, il se sent de plus en plus fier de la personne qu’il devient.

Nous sommes également responsables de la santé de nos enfants. « Parfois les parents disent que les enfants peuvent répondre seuls aux besoins de leurs corps s’ils suivent leur instinct et que nous ne devons pas influencer leur choix. C’est parfois vrai mais souvent faux. S’ils en ont la possibilité la plupart des enfants préféreront une glace et des cookies à des carottes. J’en vois rarement aller se coucher à une heure raisonnable pour être en forme le lendemain ». Des structures telles des repas équilibrés, se coucher à la même heure chaque jour et limiter le temps passé devant les écrans et l’exposition à des images violentes sont une aubaine pour nos enfants et non une punition.

  • Les erreurs : les vertus de la compassion, de l’humilité et du pardon

Le mythe de l’éducation parfaite doit voler en éclat. Un parent n’ayant jamais franchi la ligne blanche, ça n’existe pas. Lorsque les enfants vivent les inévitables désajustements et douleurs accompagnant la vie relationnelle et que leurs parents sont capables de réparer les dégâts avec sincérité, ces blessures peuvent se transformer en compassion envers soi-même et envers ceux qui sont eux aussi dans la difficulté. Les erreurs aident également les enfants à aller au-delà d’un idéalisme rigide et à faire montre d’une humilité basée sur la réalité des choses. « Et enfin les erreurs sont l’occasion pour nos enfants de pratiquer le pardon, à savoir l’acte consistant à répliquer à la honte et à la douleur par une vulnérabilité et une connexion sincère ».

En conclusion,

« Fondamentalement, la pleine conscience est une manière d’être ; une façon d’habiter notre corps, notre esprit et notre expérience moment après moment, avec ouverture et réceptivité. C’est une conscience profonde ; un savoir et une façon d’expérimenter la vie telle qu’elle apparaît et puis s’en va à chaque instant. Cette prise de conscience implique le fait de lâcher prise avec ce qui se passe, ou de vouloir que ce qui se passe soit différent. Il s’agit simplement de prendre conscience et d’accepter ce qui est ici, maintenant ; par exemple « mon fils vient juste de renverser ma tasse de thé et je m’énerve ». Je prends conscience de ce qui est là, je crée de l’espace pour ce qui se passe en ce moment et pour ma réaction. De cette manière, je deviens capable de voir clairement ce qui se passe à l’intérieur et en dehors de moi, et de répondre adroitement plutôt que de simplement réagir »

Trouver la réponse appropriée est la pratique de toute une vie et ne se réduit pas à une formule ou à une technique. La pratique de la méditation de pleine conscience nous permet de nourrir des attitudes d’ouverture et d’assertivité et de développer notre capacité à agir avec justesse et bienveillance.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la formation « Eduquer en Pleine conscience », programme en 8 semaines à destination des parents et des professionnels de l’enfance et de l’adolescence, suivez ce lien

Bien à vous 🙂

Maryline.

Elever son enfant en pleine conscience
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