En ces temps difficiles, de nombreux récits et opinions sont diffusés, certains semblent décrire des solutions miracles à base d’intimidation et de violences accrues, d’autres moins entendus peut-être parce qu’ils demandent un courage – cœur – immense s’appuient sur une transformation plutôt qu’une réaction, comme celui de Georges Salines, auteur avec Azdyne Amimour de « Il nous reste les mots ».

Parfois, les plus atteints par les drames, les plus touchés, nous donnent des leçons de Tolérance et d’Amour dont les observateurs sont incapables.

L’histoire vraie qui suit est écrite par Jack Kornfield, dans son livre « Après l’extase la lessive. »

« Un jour, dans le train allant de Washington à Philadelphie, je me retrouvai assis à côté d’un Noir américain qui avait travaillé pour le Département d’ Etat en Inde. Il avait quitté ce poste pour s’occuper d’un programme de réhabilitation pour jeunes délinquants dans le district de Columbia. La plupart des jeunes avec lesquels il travaillait faisaient partie de gangs et avaient commis des meurtres.

Un garçon de quatorze ans, qu’il suivait ainsi, avait utilisé une arme à feu et tué un adolescent innocent, simplement pour faire ses preuves vis-à-vis de sa bande.

Au procès, la mère de la victime demeura assise, impassible et silencieuse jusqu’au verdict. Quand le jeune fut reconnu coupable du meurtre, elle se leva lentement et, fixant le garçon, elle déclara : « Je vais te tuer. » Le jeune assassin fut ensuite emmené dans une institution pour mineurs où il devait passer plusieurs années.

Au bout de six mois, la mère de la victime rendit visite au meurtrier.
Celui-ci, ayant vécu dans la rue avant ce crime, n’avait eu aucun autre visiteur.
Ils parlèrent pendant un certain temps et, lorsqu’elle partit, elle lui donna un peu d’argent pour ses cigarettes.
Puis, petit à petit, elle commença à venir le voir plus régulièrement, en lui apportant de la nourriture et de petits cadeaux.

Vers la fin des trois années d’emprisonnement, elle lui demanda ce qu’il comptait faire lorsqu’il sortirait.
C’était très confus et vague et elle lui proposa donc de l’aider en lui trouvant un travail dans la société d’un ami.
Puis, elle lui demanda où il pensait vivre et, comme il n’avait pas de famille, elle lui offrit d’utiliser la chambre vide de sa maison.

Il y vécut pendant huit mois, mangeant ce qu’elle lui cuisinait et travaillant dans cette entreprise. Un soir, elle l’appela dans le salon pour parler.
Elle s’assit en face de lui et marqua une pause.

– Tu te souviens, commença-t-elle, au tribunal, quand j’ai dit que j’allais te tuer ?
– Bien sûr, répondit-il, je n’oublierai jamais cet instant.
– Eh bien, dit-elle, c’est ce que j’ai fait ! Je ne voulais pas que le garçon qui avait tué sans raison mon fils reste vivant sur cette terre. Je voulais qu’il meure. C’est pour cela que j’ai commencé à te rendre visite et à t’apporter des affaires. C’est pour cela que je t’ai trouvé un travail et que je t’ai laissé vivre ici dans ma maison. C’est comme cela que j’ai commencé à te changer. Ce garçon a maintenant disparu. Aujourd’hui, puisque mon fils est parti, puisque son assassin est parti aussi, je veux te proposer de rester ici. Tu as une chambre et je souhaiterais t’adopter si tu le veux bien.

Elle devint ainsi la mère du meurtrier de son fils, la mère qu’il n’avait jamais eue. »

En retranscrivant ce texte, en le lisant à mes enfants, je pleure de tristesse, d’admiration et nourris un peu d’espoir parce que, face à l’horreur, l’humain peut choisir de déployer amour et bienveillance.

Une question surgit aussi, a-t-on d’autres choix ?

Répondre à l’horreur avec son cœur
X